Rencontres du troisième type
Écrire avec des images

 

Atelier national de recherche typographique
École nationale supérieure d’art et de design de Nancy

 

19–20 février 2018
Campus ARTEM, Amphithéâtre ICN, Nancy

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Écrire avec des images

« I think it was this possibility of actively combining things which was at the bottom of the joy I took in symbols, whether they appeared in isolation and could be put together, or in combinations that could be split up and then recombined in a different way. I regretted that the old picture writing had gradually disappeared instead of becoming the source of a kind of international picture language which would be able to bring together all kinds of people. » *
Otto Neurath, From hieroglyphics to Isotype, a visual autobiography, chap.4. London, Hyphen Press, 2010

Les Rencontres du troisième type explorent les frontières des systèmes typographiques : ni latins ni non-latins, mais d’un autre genre. La popularité et le développement récent des emojis a réactivé le plus ancien des types d’écritures : l’écriture pictographique. Aux lettres de l’alphabet, qui constituent leur lointaine descendance, se mêlent aujourd’hui de petites images colorées, symboles primitifs et désormais quasi-universels. Leur adoption rapide par les utilisateurs du monde entier exerce une pression sans précédent sur l’organisme en charge de la normalisation de ces signes, le consortium Unicode, qui statue sur leur intégration. Par exemple, les débats suscités par la représentation en emojis des genres et des couleurs de peau soulignent à la fois les limites des représentations archétypales et leur ambiguïté intrinsèque.

Écrire avec des images, est-ce toujours écrire ? Un système d’écriture pictographique est-il à même de tout exprimer, d’embrasser tout l’univers visible et dicible ?
Quels éclairages peuvent fournir l’exemple des écritures anciennes, tels les hiéroglyphes égyptiens ou des projets tels que l’Isotype d’Otto Neurath, sur ces pratiques contemporaines ? Quelles limites, linguistiques ou sémiologiques, y a-t-il à la normalisation de ces symboles ? Quels rôles jouent les pictogrammes lorsqu’ils se mélangent aux lettres de l’alphabet ? Leur emploi est-il vraiment universel, ou note-t-on des différences d’utilisations, selon les pays et les cultures ?
La 2e édition des rencontres du troisième type croisera les champs du design, de l’illustration, de la typographie, de l’art, de l’égyptologie, de l’histoire et de la théorie du design, avec des conférenciers du monde entier. Elles sont ouvertes à toutes et tous : le programme complet et les réservations sont en ligne sur iiitype.anrt-nancy.fr

* « Je pense que c’est cette possibilité de combiner des éléments qui est à l’origine de mon intérêt pour les symboles, qu’ils apparaissent isolément et puissent se réunir, ou comme des ensembles qui puissent être séparés et recomposés de différentes façons. Je regrettais que les anciens systèmes d’écritures pictographiques aient progressivement disparu, au lieu d’être à l’origine d’un langage international basé sur l’image, qui puisse réunir tous les individus. »

 

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Lundi 19 février 2018

10 h 00

Accueil et introduction

 

1 – Hiéroglyphes et écritures anciennes

10 h 30

De l’égyptologie à la typographie : une approche historique des fontes hiéroglyphiques / FR
égyptologie

Charlène Cassier, Magali Massiera, Frédéric Rouffet
ARCANAE / Université Paul Valery Montpellier 3 (France)

Cette conférence mettra en évidence l’état de l’art concernant l’ensemble des fontes hiéroglyphiques, qu’elles soient frappées ou numériques. Nous montrerons également la nécessité pour les égyptologues de disposer d’un caractère répondant à des enjeux épigraphiques, éditoriaux et numériques.

11 h 00

Un caractère pour la transcription des hiéroglyphes égyptiens, entre nécessité scientifique et système typographique / FR
égyptologie, type design

Pierre Fournier
ANRT Nancy / ARCANAE Montpellier (France)

Cette conférence portera sur les problématiques typographiques confrontées aux enjeux scientifiques de l’égyptologie, notamment la nécessité de réaliser un caractère fondé sur des références épigraphiques multiples. Nous aborderons le protocole mis en place durant notre collaboration afin de définir l’ensemble des paramètres nécessaires à l’établissement d’un système typographique formellement capable de proposer un standard tout en offrant la possibilité de représenter des spécificités.

11 h 30

Questions

11 h 45

Pause

12 h 00

Framing space in Aztec writing : the Codex Mendoza as a model of transposition / EN
information design, linguistics

Luciano Perondi, Antonio Perri
ISIA Urbino / Istituto Universitario Suor Orsola Benincasa, Napoli (Italia)

The analysis of non-transcriptive and non-glottic writing systems can be an interesting field of research for the designers aiming at finding notational solutions able to ‘transpose’ (in the sense of Jakobson, 1959) contents in compact visual forms, linguistically consistent albeit articulated in a non-linear space.
The study of Aztec pictographies, indeed, provides a solid background for rethinking writing and typography according to an approach non alphabetically grounded. We can better illustrate this topic from two points of view :
1) the composition of single Aztec “glyphs” as non-linear, agglutinative assemblages of visual units with an internal arrangement (entaxis).
2) the building of larger textual structures through conventional and semantic use of a non sequential and spatial layout of articulated units (synsemia).

After providing an analysis of significant examples from Codex Mendoza (f60r, f61r, f2r and f4r), we will suggest a comparison with European text, such as the Fasciculum Temporum by Rolewinck, and the Summa de virtutibus et vitiis or Summa vitiorum by Perault and also the Otranto’s mosaics. Our attention will be focused on graphic combinations of units in space “composing” some Aztec glyphs and other synsemic structures, but also on the relation between non-linear notation and alphabetic linear texts (i.e. spanish and Nahuatl glosses for the Codex Mendoza, Latin texts together with pictorial emblematic frames for the others).
All these are effective and intentionally produced cases of what we call “writing without transcribing” words (and utterances)

12 h 30

Nsibidi, écriture picto-idéographique du Nigeria / FR
histoire de l’écriture, type design

Morgane Pierson, Arthur Francietta
ANRT Nancy (France)

Le Nsibidi est un système pictographique et idéographique découvert au 18e siècle, et dont on ignore encore la date de création (sans doute aux alentours du 9e siècle). Il est commun à diverse populations de la région de la Cross River au sud-est du Nigeria, région où l’écriture, l’art et le rituel sont intimement liés. Ses fonctions principales sont de protéger les connaissances, conserver la mémoire collective, exprimer l’amour et les relations sociales, consigner des procédés rituels, et bien d’autres. Ce système d’écriture a une capacité structurante et organisatrice du rituel (qu’il soit sacré ou narratif) ; il participe ainsi à la régularisation sociale et politique. Certains de ses signes sont partiellement secrets et protégés par la société Ekpé (ou hommes-léopards) qui garantissait la paix sociale et la sécurité du commerce jusqu’à la fin du 19e siècle : par conséquent, le degré de connaissance de l’écriture définit le rang dans l’échelle sociale. Si sous forme matérielle il se présente le plus souvent tracé sur des tissus, dans l’argile ou sur le corps, le Nsibidi peut aussi être interprété par des gestes pentomimiques, dansé ou tambouriné. Rituel, en partie secret, et d’une grande importance politique et sociale, le Nsibidi est plus qu’une écriture, ce qui rend son étude particulièrement complexe. Ces particularités interrogent aussi son éventuelle normalisation typographique.

Le projet The Missing scripts, mené à l’ANRT avec le Script Encoding Initiative de l’Université de Berkeley sera présenté par Arthur Francietta dans la deuxième partie de la conférence.

13 h 00

Pause déjeuner

 

2 – L’idéal d’une écriture universelle

14 h 30

Plongée au cœur des archives : l’écriture du peuple bamoun (Cameroun) / FR
histoire de l’écriture, type design

Luna Kindler
ENSAV La Cambre, Bruxelles (Belgique)

En 2018, ce sera le 100e anniversaire de la création de l’alphasyllabaire Akauku Mfemfe, dernière version du système d’écriture inventé à l’instigation du roi Njoya, souverain du peuple bamoun au Cameroun. Luna Kindler étudie le système d’écriture bamoun, et plus particulièrement sa phase terminale, l’alphabet Akauku Mfemfe, dans le cadre de son master à l’ENSAV La Cambre. L’histoire de son invention, tout comme celle de son développement, fait écho à l’évolution de notre propre système d’écriture latin (phase pictographique, puis phonétique).

Travailler sur un système d’écriture lié à une langue sans en être locutrice amène d’emblée des questions d’ordre pratique et éthique. Dans ce cas précis, s’aventurer sur un terrain chargé de l’histoire coloniale franco-allemande renvoie à une problématique plus profonde que des enjeux académiques et/ou typographiques. C’est d’abord un réel challenge : mettre en place une étude typographique méticuleuse de la tradition du signe pour ne pas imposer d’erreurs et être capable de se positionner comme créateur tout en respectant avec justesse la représentation du signe.

Luna Kindler développe actuellement une base de données, un inventaire des signes rigoureusement fondé sur diverses archives, où elle répertorie et redéssine chaque caractère selon des paramètres spécifiques (caractéristique de la gestuelle, usage, outil…). Cette phase de collecte soulève nombre de questions typographiques essentielles : comment prendre en compte la « gestuelle émotive » du scripteur; ses fautes, ses hésitations, ou au contraire son habileté, sa concentration ? De quelle manière donner à voir la vitesse ou le ductus d’un tracé, l’influence de l’outil utilisé ? Comment enfin contribuer à la sauvegarde de cette écriture en considérant la redistribution des fontes sous forme libre ?

15 h 00

Écriture universalisée vs écriture universelle quelques enjeux politiques des pasigraphies / FR
histoire et théorie du design, sémiologie

Charles Gautier
Université Paris Descartes (France), École supérieure d’art des Pyrénées (France)

Dans sa thèse de doctorat qui a pour objet les liens entre la graphie, l’image et le politique au 20e siècle, Charles Gautier consacre un long développement aux différences et aux spécificités des écritures universalisées et des écritures universelles. Les premières sont des écritures déjà existantes que l’on impose au plus grand nombre par la force politique ou le pouvoir culturel ; alors que les secondes, qu’on appelle pasigraphies, sont des systèmes de signes inventés qui doivent être accessibles à tous les individus quelle que soit leur nationalité.
Il montrera également comment ces types d’écritures sont irrigués, de façons très différentes, d’enjeux politiques et idéologiques puissants.

À l’occasion de son intervention, il reviendra sur cette distinction et présentera les enjeux politiques évoqués en recourant notamment à l’histoire pour les éclairer.

15 h 30

Questions

15 h 45

Pause

 

3 – Isotype

16 h 00

Design graphique et lexicologie : formes symboliques et styles de pensée / FR
anthropologie du design, épistémologie

Anne-Lyse Renon
EHESS – CNRS (France)

Le projet de recherche « design graphique et recherches en sciences sociales » est né des croisements problématiques pour les productions graphiques que traversent bon nombre de disciplines de recherche actuelles. Son déploiement a été imaginé pour faire dialoguer des chercheurs, praticiens, et enseignants, et de réfléchir aux collaborations et inflexions de construction de connaissance, en phase de recherche comme en pédagogie, qui peuvent en être le fruit.

Les 50 ans de l’ouvrage La sémiologie graphique, en 2017, ont été l’occasion de mettre en valeur le fonds des archives du Laboratoire de Graphique créé et dirigé à l’EHESS par Jacques Bertin de 1954 à 2000.
Cet ouvrage, bien que ressource internationalement reconnue et citée, n’est que peu étudié dans sa globalité. Une des richesses de ce traité réside dans le concept de « variables visuelles », au nombre de 6. Selon Bertin elles permettent de traduire et d’analyser visuellement l’ensemble du monde sensible car les images deviennent compréhensibles « du premier coup d’œil », et ce par le fait, de manière universelle.
Cette ambition, de création ou de mise en évidence universalisante d’un vocabulaire visuel et graphique, n’est pas née de la main de Jacques Bertin, ni même du XXe siècle. Cependant, on peut observer que le tournant linguistique et le structuralisme ont pu être des sources importantes d’inspirations méthodologiques pour la production de vocabulaires graphiques ayant pour ambition d’être des langages universels.
Ce qui nous intéresse dans cette intervention, ce n’est pas de traiter ces nombreuses tentatives et leurs spécificités stylistiques, mais plutôt de proposer, au travers d’exemples de modes de pensées graphiques au XXe siècle, les relations souples entre vocabulaire graphique et lexicologie. À cette fin, nous prendrons pour exemple un agenda de questions sur l’analogie qui est souvent faite entre le design graphique et le langage.

16 h 30

Isotype : a modern picture script / EN
design history

Christopher Burke
University of Reading (UK)

It is ironic that Otto Neurath, one of those responsible for the ‘linguistic turn’ in philosophy of the twentieth century, should have been concerned during the last twenty years of his life with developing a ‘pictorial language’. By using simplified pictograms as components, Isotype bypassed verbal language to a great extent, creating the potential for international understanding of biological, social and economic correlations. Isotype developed initially as the Vienna Method of Pictorial Statistics at the Social & Economic Museum of Vienna, directed by Neurath between 1925 and 1933. A group of designers worked together there, including Marie Neurath and Gerd Arntz, who did most to define the style of pictograms used in Isotype. However, despite its consistency and rigour, Isotype was not a complete language, and Neurath knew that it never could be. The principal motive of Isotype was educational; its creators did not intend to devise a definitive set of signs to depict the world, and they never fully codified the rules of their system. Isotype was an adaptable method of design with some language-like characteristics.

This paper will examine the place of Isotype with regard to its forerunners and successors in ‘picture writing’.

17 h 00

Ruedi Baur, Manifesta 11, Zürich 2016 / FR
design graphique, identité visuelle

Integral Ruedi Baur
Paris (France)

Dans le cadre d’un projet de représentation graphique d’une biennale d’Art Contemporain : Manifesta 11, Zurich, 2016, qui avait pour thème “what people do for money”, l’atelier Ruedi Baur avait développé un système numérique de représentation de figurines. Celui-ci se voulait être un hommage au système Isotype développé en 1925 par le socio-économe autrichien Otto Neurath et le graphiste allemand Gerd Arntz. Cette exposition terminée, se posait la question du recyclage de ces représentations humaines à d’autres fins. Après discussion avec l’éditeur Lars Müller intéressé par le sujet, Vera et Ruedi Baur s’adressent à Attac en leur demandant si un livre sur “l’état du monde” utilisant ces figurines pourrait intéresser l’association. Ainsi a débuté une brève mais intense aventure de quelques mois dont le résultat se trouve dans l’ouvrage Le monde a changé. Basé sur des statistiques mondiales, cet ouvrage traite des questions de représentations économiques, politiques, écologiques, faisant constat de l’état du monde aujourd’hui. Depuis le même système de signes a été utilisé pour illustrer différentes situations et notamment expliquer, dans le cadre d’une exposition présenté lors du sommet international du design à Montréal les enjeux d’une discipline confronté aux difficiles réalités de notre planète.

ruedi-baur.eu / integral-ruedi-baur.eu / Civic-city.org

17 h 30

Pause

 

4 – Lire des images (soirée)

19 h 00

Type Design and Politics : Making a Difference with Fonts / EN
type design

Rainer Erich Scheichelbauer
Glyphs, Schriftlabor / Berlin (DE)

No one will argue that design can be political. But type design ? Contrary to popular belief, fonts are not merely beautiful hobbies for type nerds or simple tools for any task, but can really make a difference. Join Rainer Scheichelbauer on a tour through the political side of type design.

19 h 20

Au secours ! Écrire le danger dans l’espace public / FR
design graphique, sémiologie

Johannes Bergerhausen
Hochschule Mainz (Deutschland)

C’est étonnant : il y a des signes mondialement connus, comme le panneau de signalisation routière STOP, dont les « inventeurs », leurs designers, demeurent quasiment inconnus. Néanmoins, ces inconnus sont des vrai héros du design graphique. L’ultime honneur pour un signe est son introduction dans un standard mondial tel que l’Unicode. Car avec son intégration dans un système universel il fait partie du patrimoine de l’humanité.

19 h 40

Shivay la Bruja / FR
art

Shivay la Bruja
École offshore Shangaï – ENSAD Nancy / Lyon (France)

🔮🔥▪✨📱✨🔮✨📱✨▪🔥🔮
🔥 ▫▪                            ▪▫ 🔥
▪▪📱     Shivay bruja.     📱▪▪
✨    ✨               ✨    ✨
▪ L’emoji comme signe . ▪
🔺                                🔺
💧👁💧Sélections précises,💧👁💧
🔻                                🔻
▪    Combinaisons multiples    ▪
✨                          ✨
✨        Pouvoir augmenté        ✨
▫🙌◻                           ▫🙌▫
▪📱▪ L’écran comme ciel ▪📱▪
▫🙌▫                            ▫🙌▫
✨380nm <mon astre< 500nm✨
🔺                            🔺
🌪👁🌪    Le réseau,    🌪👁🌪
🔻                            🔻
▪    Fluide de transmission.    ▪
✨    ✨               ✨    ✨
▪▪ 📱     Talismans     📱 ▪▪
🔥 ▫▪                            ▪▫ 🔥
🔮🔥▪✨📱✨🔮✨📱✨▪🔥🔮

20 h 00

Johnny 51 / FR
illustration

Jochen Gerner
Nancy (France)

à venir

20 h 30

Cohérence entre lettres, pictogrammes et émojis / FR
type design, identité visuelle

Gaetan Baehr, Jérémie Hornus, Julie Soudanne
Black[Foundry], Paris

De quelle manière les pictogrammes et les emojis peuvent-ils être reliés au dessin de lettres traditionnel ? Dans le contexte numérique d’aujourd’hui, quelles sont les contraintes techniques liées au développement et à la production de ces objets typographiques particuliers ? Nous aborderons ces questions à travers deux exemples concrets :
– La réalisation d’une fonte multi-scriptes pour le Groupe Renault, nous à amené à dessiner plusieurs milliers de pictogrammes. Considérés comme un véritable système d’écriture, ils partagent les mêmes caractéristiques formelles que les lettres des autres scripts.
– Le redesign du caractère Bluu de Jean-Baptiste Morizot a été l’occasion de réaliser un jeu d’emojis en couleur s’inspirant des formes et de l’esprit des lettres.

21 h 00

Dîner

 
 
 
 

Mardi 20 février 2018

 

5 – Usages du pictogramme dans la transmission des savoirs et la pédagogie

9 h 30

Vignettes, pictogrammes et figurés géométriques. Quels symboles ponctuels pour la cartographie ? / FR
épistémologie et histoire de la cartographie

Gilles Palsky
Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne (France)

La cartographie est une forme de représentation graphique qui s’est élaborée sur le temps long, et qui intéresse non seulement la représentation des territoires, soit la topographie et la géographie, mais aussi, depuis le XVIIIe siècle, la spatialisation de toutes sortes de phénomènes, physiques ou humains. Elle a forgé progressivement un langage, qui s’est ancré au départ dans l’expression figurative, puis qui s’est enrichi en faisant appel à diverses logiques sémiotiques.

Professeur de géographie à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et membre de l’équipe « Epistémologie et Histoire de la Géographie » (UMR 8504, Paris 1 et Paris 7, CNRS), Gilles Palsky travaille comme spécialiste de l’histoire de la cartographie, ou plus exactement du rôle des images dans la construction des savoirs sur l’espace. Une partie de ses travaux a concerné le langage de la cartographie statistique et les codes de couleurs en cartographie, particulièrement à l’époque contemporaine (XIXe et début XXe s.). Un autre volet de ses recherches concerne la théorie graphique, et en particulier l’œuvre de Jacques Bertin et le map-design anglo-saxon.

10 h 00

Paulo de Cantos (1892-1979) / FR–EN
design graphique, pédagogie

Sébastien Dégeilh, Antonio Silveira Gomes
ISDAT Toulouse (France) / FCTUC (Portugal)

Paulo de Cantos fut un homme érudit, éditeur, bibliophile, pédagogue, philanthrope et typographe amateur. Il tient une place particulière dans la modernité artistique portugaise pour avoir écrit, dessiné et publié environ 70 titres entre 1920 et 1960.

De Cantos, principalement professeur et proviseur de lycée, a produit des manuels complémentaires et des dictionnaires consacrés à la culture générale. Ces publications à caractère « manuéliste » ne peuvent pas être considérées comme de simples livres scolaires si on les compare à leurs contemporains. Ils sont en effet culturellement hétérogènes, ont une apparence dichotomique, synthétique et syntaxique, et révèlent une morphologie verbi-voco-visuelle fervente et inventive. Dans le contexte périphérique portugais, l’expérimentalisme de ces livres transcendait l’utilité purement fonctionnelle de l’édition scolaire traditionnelle.

À une époque dominée par l’émergence du fascisme, par les campagnes d’alphabétisation et par l’imposition éminente et autoritaire du livre unique, la production éditoriale de Paulo de Cantos s’appuyait sur les bases progressistes de la Nouvelle Pédagogie. En dissimulant son discours pédagogique au cœur des délirants dispositifs mnémoniques qu’il employait, comme une parodie épistémologique, il passait à travers les mailles de la censure de l’époque. Sa versatilité en tant qu’éditeur, auteur et typographe explique l’idiosyncrasie de son design, sa disponibilité à « imaginer le mot » en se servant exclusivement des arts graphiques et de la typographie modulaire.

10 h 30

Signes, symboles, systèmes : écritures figuratives et apprentissages / FR
design graphique, pédagogie

Éloïsa Pérez
CELSA Paris / ANRT Nancy (France)

Les processus de communication supposent une maîtrise de facultés d’expression orales et/ou écrites. Dans ce sens, l’un des enjeux de la maternelle réside dans l’enseignement des systèmes d’encodage permettant la transcription des pensées à travers des unités phonétiques et/ou graphiques. Parmi ces systèmes, l’écriture occidentale fait appel au code alphabétique latin, dont les conventions impliquent la production matérielle de signes et la conscience de leur sens après association en syllabes, mots, phrases. La graphie actuelle des lettres n’ayant pas de lien figuratif avec l’idée qu’elle transcrit, elles apparaissent comme images aux yeux du jeune scripteur. Appuyé par des méthodes pédagogiques usant d’écritures expressives comme étape préalable à la découverte des mécanismes du langage écrit, sera interrogée la place du dessin, de l’image et du pictogramme dans le développement des capacités communicationnelles de l’enfant.

11 h 00

Questions

11 h 15

Pause

 

6 – Répertorier, documenter

11 h 30

L’ABCC du CACB / FR
design graphique, identité visuelle

Coline Sunier & Charles Mazé
Bruxelles (Belgique)

En résidence au CAC Brétigny depuis septembre 2016, Coline Sunier & Charles Mazé sont en charge de l’identité graphique du centre d’art, conçue comme un espace de recherche au long terme. L’ABCC du CACB est un abécédaire composé de lettres et de signes collectés à Brétigny et dans le département de l’Essonne, ou choisis en relation avec le centre d’art, son programme et ses artistes invités. Ce corpus prend la forme d’une typographie intitulée LARA, dont certains signes sont activés, un par un, sur les supports de communication, considérés comme des espaces de publication et de diffusion de la recherche. En associant des voix multiples dans une même typographie dont le nombre de glyphes est en perpétuelle augmentation, avec des écritures tour à tour vernaculaires, institutionnelles, personnelles ou publiques, L’ABCC du CACB tente d’éditer le contexte géographique, politique et artistique dans lequel se trouve le CAC Brétigny.

12 h 00

Éditer, exposer, performer. réactiver l’archive — combler l’écart / FR
design graphique, édition, art

Aline Melaet
ENSAV La Cambre, Bruxelles (Belgique)

Écart Type, c’est combler un écart dans l’histoire. Celle d’un groupe genevois (Écart) fondé en 1969 par 3 amis et artistes (John Armleder, Patrick Lucchini et Claude Rychner) dont la documentation à son sujet reste lacunaire et dont l’histoire devient secrète. Partageant des activités allant de la randonnée, à l’aviron en passant par le 5 o’clock tea, le groupe s’établit simultanément en espace indépendant, en librairie, en maison d’édition et compte parmi les lieux de diffusion de pratiques artistiques associées au mouvement Fluxus. C’est à partir de documents archivés au Cabinet d’arts graphiques à Genève que j’ai fait leur rencontre et que j’initie mon projet de recherche il y a un an déjà.

Écart Type est aussi un écart dans le temps, la réactivation d’une archive s’interrogeant sur elle-même, sur ses enjeux de (re)présentation et de (re)production par les différents mediums que sont l’exposition, l’édition, la performance et le web. Celle qui m’occupe actuellement est la création d’un alphabet d’images récoltées dans les archives d’écart, d’un système d’écriture iconographique tiré de documents rares qui sera mise à disposition des acteurs prenant part à l’ouvrage éditorial. A posteriori, la police de caractères sera distribuée en licence libre sur la plateforme dédiée au projet (ecarttype.org).

En janvier 2017, la première réactivation s’appropriait la performance de cérémonie de thé du groupe. Aux rencontres du IIIe Type, elle prendra la forme de la conférence, un format permettant déjà d’éditer et d’exposer cette police de caractères.

12 h 30

Questions

12 h 45

Pause repas

 

7 – Emojis

14 h 30

A Familiar Face : Emoji Design over Time. / EN
type design

Colin M. Ford
New York (USA)

Emoji are a fixture of modern communication. They have not been around for long, but they occupy a powerful position in our lives. Given their ubiquity, it is easy to think of them as existing without a history, or conceived without a designer. Both points could not be farther from the truth. From 90’s mobile phones and the 1964 Tokyo Olympics, to Unicode and Apple, together we will trace emoji back to their roots, and speculate on their future.

Emoji are now so ubiquitous in digital communication, and so seemingly contemporary, that most do not think of them as being designed or having a history. They share this trait with typefaces. In this talk I approach emoji as a typeface designer approaches a letter, with a probing eye, questioning every decision and asking, “would I do this differently ?” The goal is to teach the audience to be as critical, and to treat emoji as malleable design objects.

To fully investigate emoji, we must engage with their history and their purpose in our society. This talk will cover the 4 phases of emoji visual design : the Dawn age, the Expansion age, the International age, and the Modern age.

15 h 00

Emoji & Alchemy : The magic of metaphor. / EN
type design

Paul D. Hunt
Adobe, San Francisco (USA)

The history of meaning is inextricable from the history of magic : both are ultimately concerned with the finding and forging of correspondences in order to influence the world we live in. One way that we wield this magic is through the creation of myths and metaphors, signs and symbols.

This lecture will explore the history of symbolic thought along the lines of the Western philosophical tradition, focusing on the important role of analogy in the processes of making meaning and shaping reality. Hunt will explore the important role of visual metaphors from the inception of hieroglyphic writing up to the recent worldwide adoption of emoji usage.

This process, will unveil a mystical view of emoji as a force for conscious transmutation. Hunt will attempt to trace the evolution of alchemy, exploring its tenets and iconography as metaphors that has been employed to help humans conceive, create, and comprehend the connections between the natural world as those of symbolic thought, ultimately revealing a non-binary view of language and imagery.

15 h 30

Questions

15 h 45

Pause

16 h 00

Hommes et femmes sur internet : qui utilise le plus d’émojis et d’émoticônes ? Une étude sociolinguistique du site communautaire Reddit / FR
sciences du langage, netspeak

Marie Flesch
ATILF Nancy

Sur internet, la langue évolue très vite, sans doute plus vite qu’elle ne l’a jamais fait (Crystal, 2001). Les émoticônes, apparues au début des années 1980, et les émojis, introduits en masse dans Unicode en 2010, figurent parmi les manifestations les plus visibles du « Netspeak », cette nouvelle façon de communiquer qui diffère de la langue écrite et de la langue orale.

Les chercheurs qui se sont intéressés à ce phénomène ont trouvé que les hommes font moins souvent usage des pictogrammes que les femmes (Ogletree et al. 2014 ; Oleszkiewicz et al., 2017).
Émojis et émoticônes étant notamment considérés comme des marqueurs d’émotion, de politesse ou de solidarité, ce constat semble s’inscrire dans une idée souvent reprise par les médias : celle que les femmes parleraient davantage de leurs sentiments que les hommes, et que les hommes s’exprimeraient de manière plus directe (Tannen, 1990). Et pourtant, en y regardant de plus près, on constate que les similitudes entre hommes et femmes sont plus nombreuses que les différences, et que d’autres variables comme l’âge, ou le contexte, entrent en jeu.

Cette communication se propose d’explorer le site internet américain Reddit, une plateforme emblématique d’une culture « geek » masculine, de plus en plus investie par les femmes. Elle se base sur une étude qui u4lise les méthodes de la linguistique de corpus pour constater ce qu’émojis et émoticônes nous disent de la façon dont hommes et femmes utilisent internet, dans le cadre d’une communauté en ligne volontiers misogyne (Massanari, 2015).

16 h 30

Emoji Experiments / EN
graphic design, type design

Daniel Utz
Hochschule für Gestaltung Schwäbisch Gmünd (Deutschland)

“Szenario Emoji” reflects and evaluates the status quo of the emoji invasion : Where does the emoji hype come from ? Is it possible to make better use of emojis ? Are emojis the future of digital communication ? In the form of short visual essays, different aspects of communication with emojis are explored : understanding, reinventing, designing, character input.

For the “HfG Emoji Project” twenty students work together to design and develop an universal open source icon system. The system will be usable for multiple purposes : application design, information design and knowledge transfer, signage systems, short messages. The range of icons and pictograms is going to vary from simple symbols to emojis. In addition to the joint work on the icon set, there will be special tasks, which are under the responsibility of dedicated small teams : user research, classification and database, design guidelines, application examples, font engineering, project website, github and backend. The project will be completed by the beginning of Februar 2018, so I can show the process and the final results of the project.

17 h 00

Conclusion

 
 
 
 

Workshops

 

Glyphs Crashcourse (workshop, min. 3 h)

Georg Seifert (Glyphs) and Rainer Erich Scheichelbauer (Glyphs, Schriftlabor)

Jump into type design with Glyphs ! We will start a sans-serif design in Glyphs and see how far we get. Bring your MacBook with [Glyphs 2](http://updates.glyphsapp.com/latest2.php) preinstalled, no prior type design experience required!

Variable Font Animation in Glyphs (workshop, min. 3 h)

Georg Seifert (Glyphs) and Rainer Erich Scheichelbauer (Glyphs, Schriftlabor)

In this workshop, we will build a vector animation and bring it to life in a web browser, with some simple HTML and CSS. Bring your MacBook with [Glyphs 2](http://updates.glyphsapp.com/latest2.php) preinstalled, no prior type design experience required

 
 
 
 

Inscription

Une inscription en ligne est nécessaire pour participer au colloque :
anrt-nancy.fr/fr/iiitype2017/

Tarifs

Étudiant·e·s

entrée libre

Professionnels

50 euros/1 journée
70 euros/2 jours

 
 
 
 

Vidéos

 
 
 
 
 

Adresse

ANRT
École nationale supérieure d’art et de design de Nancy
Place Cartier Bresson BP 13129
Campus ARTEM
54000 Nancy

Le colloque se tiendra à l’ICN amphi 250, sur le campus ARTEM

 
 
 
 

Archives

4–5 décembre 2015
Rencontres du troisième type
Recherche en typographie et épigraphie

Journées d’étude organisées
par la Bibliothèque nationale de France
& l’Atelier national de recherche typographique

 

 

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design: Thomas Bouville